Quand le droit influence… la biologie
Des chercheurs ont remarqué que les vautours espagnols se rendaient très rarement au Portugal. Ils suivent d’ailleurs très scrupuleusement la frontière, au point que ça en devient étrange. Et les rares vautours qui s’aventurent au Portugal finissent rapidement par faire demi-tour.
Qu’est-ce qui explique que les vautours espagnols volent rarement dans les cieux portugais, à part une conscience aigue des frontières humaines ?
La raison est simple : la législation.
Après l’épidémie de vache folle, l’Union Européenne a imposé que les bovins d’élevage qui meurent dans les prés soient emmenés à l’équarissage ou enterrés. Sauf que l’application de la règle a été laissée à la discrétion des États membres.
Vous l’aurez peut-être deviné : le Portugal l’a mise en place, mais pas l’Espagne. Résultat ? En Espagne, les vautours trouvent de la nourriture, alors que dès qu’ils passent la frontière portugaise, ils n’ont plus aucune chance d’en trouver. Et au bout d’un moment, les vautours ont tout simplement appris que les zones de survol portugaises ne leur permettait pas de se nourir, et donc ils ont pris l’habitude de les éviter.
Je trouve cette interaction entre législation et biologie tout à fait fascinante.
Vous pouvez explorer ce thread Twitter qui donne des détails (en anglais) :
1/ A vulture can fly up to 400 kilometres each day in search of carrion. Little should it care whether this flight takes it from one country to another. The vultures of Spain, however, skirt around the Portuguese border with uncanny accuracy. pic.twitter.com/UE9kjuXWK5
— Bruno Martin (@TurbanMinor) April 3, 2019
Via Benjamin Golub