Les femmes sont désavantagées en séminaires

C’est une question à laquelle les économistes se confrontent de plus en plus : y a-t-il un biais en défaveur des femmes et des minorités dans le milieu académique en économie ? Si oui, comment se manifeste-t-il ? Quelles conséquences a-t-il, en termes de carrière et sur la littérature scientifique ? Et comment faire pour le réduire ?

La question est vaste mais importante. Elle amène également à des recherches, parmi lesquelles des recherches empiriques.

L’une de ces recherches consiste à récolter des informations sur ce qu’il se passe en séminaire, souvent par le biais de doctorants qui récoltent ces données discrètement (pour ne pas fausser le déroulé dudit séminaire, et pour ne pas pulvériser leur carrière naissante…). Du genre : combien de question ont été posées ? Quel était le genre des personnes qui les ont posé ? Les questions étaient-elles de compréhension, des critiques, etc. ?

Procéder de la sorte permet de mesurer les biais, plutôt que d’avoir à se reposer sur des anecdotes ou des témoignages, toujours fragiles.

En l’occurrence, voici les résultats (préliminaires) d’un article de ce type (source), qui s’intéresse à la manière dont les femmes sont traitées lorsqu’elles présentent en séminaire (dans les 30 « meilleures » universités aux États-Unis). Et le résultat n’est pas fameux. Jugez plutôt :

Ces résultats sont (malheureusement) cohérents avec ceux d’une enquête similaire qui est en cours de réalisation (et dont je connais l’une des co-auteures). Ils sont également cohérents avec ce que l’on sait du climat (très) défavorable aux femmes dans le milieu académique, surtout aux États-Unis.

Pour toutes ces raisons, il me semble de plus en plus acquis qu’un biais existe effectivement. C’est un sujet sur lequel je communiquerai à l’avenir sur L’Économiste Sceptique.