Le Signal Économie : un point sur la suite
Comme je l’annonçais le 18 novembre 2018, j’ai décidé de mettre un terme à l’aventure du Signal Économie. Au-delà de problèmes de santé, pas nécessairement graves mais à propos desquels il faut que je sois vigilant, au cours de ses trois années d’existence le projet a accumulé une (longue) série de mauvaises décisions.
Je ferai sans doute un article dans le futur où je reviendrai sur les raisons de son échec.
À ce propos, avant d’attaquer le cœur de cet article, j’aimerais faire un point sur cette notion d’échec : en France, l’échec est stigmatisé. Rater fait de vous un raté. Je n’adhère pas à cette vision des choses. En septembre, lors d’une formation à laquelle j’assistais à Los Angeles, voici comment un chercheur américain a intitulé la section de sa présentation où il parlait d’une expérience qui avait raté : occasions to learn. Et dans l’audience, tout le monde a semblé comprendre de quoi il parlait.
Il n’y a que ceux qui n’essaient pas qui ne se trompent jamais. Et pour le coup, j’adhère complètement à la vision du chercheur américain (représentative, en fait, de la vision américaine de l’échec) : échouer, c’est une occasion d’apprendre. On apprend sans doute plus des échecs que des succès. Je n’ai donc aucune honte à assumer publiquement l’échec du Signal Économie. Parce que 1) j’ai appris beaucoup de choses, et j’en partagerai sans doute une partie avec vous 2) ils ne sont pas légions, celles et ceux qui ont essayé de bâtir un projet similaire au Signal Économie. C’est donc une fierté pour moi d’avoir échoué en essayant, plutôt que d’être resté à pester, encore et encore, contre la « vulgarisation » économique telle qu’elle se pratique dans les médias français sans rien tenter pour essayer de changer ça. La critique est plus confortable que l’action.
Je referme la parenthèse, et je reviens sur le sujet de cet article : la suite du Signal Économie.
Le premier point est que l’arrêt du Signal Économie n’implique pas que j’arrête la vulgarisation économique. Jusqu’ici, ma vie était construite autour de la vulgarisation. Désormais, ça sera la vulgarisation qui sera construite autour de ma vie. Je vais rester actif, mais d’une manière plus « personnelle » disons, sans nécessairement être derrière un projet ou quoi que ce soit.
Dans cette optique, si vous voulez continuer à suivre mes péripéties, le mieux est certainement de me suivre sur mon compte Twitter personnel @simardcasanova. Je n’ai pas encore décidé de ce que j’allais faire des comptes réseaux sociaux du Signal Économie (les supprimer ? Les reconvertir ?), mais il est certain que je vais conserver mes comptes personnels !
Le second point est que je n’ai pas pour projet d’effacer purement et simplement Le Signal Économie. J’ai construit ce projet sur trois ans, et même si je n’ai pas réussi à atteindre mes objectifs, il n’en demeure pas moins qu’une (grande) partie de son contenu est utile. Il me paraît important que ce contenu continue à être accessible.
Ce qu’il va arriver au Signal Économie est similaire à une opération de démantèlement : je vais le découper en morceaux, et j’évaluerai à chaque fois quelle est la meilleure destination pour chacun des morceaux. Pour cette raison, cette opération de démantèlement prendra du temps. Dans mon esprit, cela se comptera en mois.
Le contenu du Signal Économie sera réparti vers quatre destinations :
- pour une grande partie sans doute, il finira sur mon site. J’ai notamment créé un portail « Science économique », qui a vocation à prendre de l’importance et que je complèterai petit à petit
- selon ce qu’il sera décidé par ses instances, l’Association Lorraine de Médiation Scientifique en Économie (ALMESE), association dont je suis le président et le co-fondateur avec Dylan Martin et Julien Grandjean, pourrait elle aussi récupérer du contenu
- le site du Signal Économie restera en ligne, au moins pour les prochains mois. Le contenu susceptible de ne pas être republié ici ou chez l’ALMESE y restera
- enfin, le contenu que je considère comme peu pertinent ou inexploitable ira tout bonnement à la poubelle
L’une des leçons que j’ai apprises du Signal Économie est la difficulté d’assumer seul un tel projet de vulgarisation, déjà de base, mais plus encore en économie, où les vendeurs de vérité frelatée et autres bullshiters occupent une part énorme du temps d’antenne dans les médias. Les attaquer génère forcément des réactions dont la violence est à la hauteur de leur crainte de perdre leur rente médiatique (rente qui est à mon sens en partie illégitime). Une partie de l’audience française traditionnellement intéressée par l’économie est en outre constituée de hooligans politiques, ce qui, à l’heure des réseaux sociaux, est la certitude d’échanges violents à l’intérêt intellectuel proche du néant.
Ma logique, pour le démantèlement du Signal Économie, est donc de « reconstruire » le projet selon deux axes :
- m’entourer mieux, et c’est ce que permet l’ALMESE
- intervenir à titre, disons, personnel, plutôt que par le biais d’un projet différent comme l’était Le Signal Économie
Une fois encore, l’objectif est de rendre mon activité de vulgarisation soutenable, d’autant que professionnellement, je suis en plein tournant. L’un des enjeux est donc de fondre la vulgarisation dans mes nouvelles obligations professionnelles, le tout sans faire peser un coût déraisonnable sur ma vie personnelle et ma santé.
Vous percevez sans doute pourquoi démanteler Le Signal Économie prendra du temps, car il y a de nombreux objectifs à concilier en même temps, et mine de rien, j’ai accumulé pas mal de contenu en trois ans ! Mais je ne vois pas d’urgence à démanteler dans la minute le site. Ça prendra le temps que ça prendra !
L’enjeu est de ne pas mettre à la poubelle tout ce travail, car je continue à penser qu’il est utile, et qu’il mérite d’être valorisé, d’une façon ou d’une autre.
Si nécessaire, je ferai des points réguliers sur ce blog sur l’avancée du démantèlement.