J’ai (enfin !) signé la tribune #NoFakeScience

Il y a quelques semaines, un collectif de vulgarisateurs a rédigé et publié une tribune appelant les médias à mieux traiter l’information scientifique. C’est peu de dire que cette dernière a été passablement malmenée ces derniers temps…

Après lecture et un petit temps de réflexion, j’ai finalement décidé de signer moi aussi la tribune. Cette dernière n’est pas parfaite, mais là n’est pas la question. La question est qu’elle identifie un vrai problème, qu’il faudra sans doute que l’on essaie un jour de résoudre.

Celles et ceux qui me suivent sur Twitter ont sans doute lu que je défends l’idée que les médias français sont fondamentalement incapables de se remettre en question, encore moins quand la critique vient de l’extérieur. J’ai cette opinion car les médias français sont très corporatistes, et perçoivent généralement la critique comme une attaque populiste sur la liberté de la presse – ce qui est un moyen bien commode d’évacuer la critique. Et en un sens, le shitstorm qu’a déclenché cette tribune illustre ces points.

Alors pourquoi avoir signé la tribune ?

Parce que je pourrais avoir tort. Parce que j’aimerais avoir tort.

Je n’ai pas de preuve définitive que ma croyance sur l’incapacité des médias à se réformer est vraie. C’est une intuition très forte, que je peux en partie défendre, mais il ne s’agit pas d’un fait établi. Et à ce titre, cette croyance est plus fragile qu’un fait scientifique – qui est lui-même aussi susceptible d’être remis en question si des observations le contredisant émergent.

Même si je n’y crois pas, il me semble qu’il est sain d’offrir plusieurs solutions. Ça n’est pas parce que je pense qu’à moyen terme, les médias risquent de finir marginalisés à cause de leur insularité au profit de gens comme les vulgarisateurs et scientifiques à l’origine de la tribune, que je ne dois pas aussi laisser d’autres voies ouvertes. D’autant que je préférerais franchement me tromper sur ce cas-là… Nos démocraties ont besoin des médias. La montée des violences d’extrême-droite, dont on pense qu’elles sont facilitées par des réseaux sociaux sans contrôle éditorial comme Twitter et surtout YouTube, illustre d’après moi l’importance d’une presse qui fait correctement son travail1Je n’accuse pas les médias d’être responsables de ces violences. Ce que je dis c’est : si les gens qui défendent aujourd’hui des idées proches du fascisme n’avaient pas été happés par la bulle de filtre des algorithmes de YouTube au détriment des médias mainstream, la probabilité qu’ils se radicalisent aurait sans doute été réduite..

Je l’ai déjà dit à plusieurs reprises sur Twitter, je pense qu’un jour il faudra avoir un débat sur le traitement de la science économique dans les médias. Parce que là aussi, il y a beaucoup à dire…

Cela étant, je ne pense pas que la communauté sceptique soit aujourd’hui prête à défendre un tel argument. J’ai (malheureusement) une expérience très négative avec une part substantielle de sceptiques qui refusent même toute discussion autour de la science économique pour des raisons purement idéologiques. D’autres prétendent démontrer que la science économique serait une pseudo-science – un argument qu’il n’est pas possible de défendre sans avoir recours à une flopée de sophismes. Ce qui ne semble pas très « sceptique » comme attitude. Mais c’est pourtant l’état de la communauté sceptique – même si, pour être tout à fait complet, j’ai aussi perçu de l’intérêt et de la curiosité d’une autre partie de la communauté.

Sceptiques, soyez à la hauteur de la science économique !

J’ai signé cette tribune comme un espoir de me tromper. Il faudra dans tous les cas du temps avant de faire, peut-être, virer le bateau de bord. En attendant, il me semble que des initiatives comme L’Économiste Sceptique et d’autres restent pertinentes.

PS : la tribune a été critiquée car elle recourt à l’écriture inclusive. Je soutiens le recours à l’écriture inclusive, et à toutes les initiatives susceptibles de donner aux femmes la même place dans la société que celle actuellement offerte aux hommes.