#69 · Lisa D. Cook, première femme noire élue gouverneure de la Federal Reserve
Cette élection historique s'est toutefois accompagnée d'une campagne de dénigrement raciste et misogyne de l'extrême-droite
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le numéro d'aujourd'hui est le premier d'un diptyque publié en partenariat avec L'Heure Américaine — ma newsletter dédiée à l'actualité politique et sociétale américaine. Je publie sur L'Heure Américaine deux fois par semaine des numéros de décryptage sur l'actualité politique et sociétale américaine. Vous pouvez en savoir plus et vous y abonner par ici.
Il m'a semblé que publier ces deux numéros à la fois sur L'Économiste Sceptique et sur L'Heure Américaine avait du sens car ils abordent un thème à l'intersection de la science économique et de la vie politique et sociétale américaine. La semaine dernière, le Sénat américain a en effet élu l'économiste Lisa D. Cook au Board de la Federal Reserve. Elle sera la première femme noire à occuper ce poste, il s'agit donc d'une élection historique.
En plus d'être une personne remarquable, Cook a fait des recherches pour mesurer le coût économique du racisme — j'en parlerai dans le second numéro de ce diptyque, que je publierai mardi prochain. Lors de sa nomination, elle a été la cible d'un petit groupe d'économistes d'extrême droite qui ont déversé sur elle des torrents de racisme et de misogynie dont il faut rendre compte. C'est de ce torrent de déjections dont je veux parler dans ce premier numéro.
Je précise que je connais Lisa personnellement. Elle m'a soutenu lorsqu'un économiste d'extrême droite m'avait attaqué sur Twitter. Cette attaque n'avait consisté qu'en quelques tweets — donc rien de comparable avec le harcèlement dont j'ai récemment parlé. À l'époque j'étais doctorant, et un professeur d'université qui attaque un doctorant dans un espace public, en termes de professionnalisme c'est vraiment très moyen. Son soutien (et celui d'autres économistes) m'avait vraiment fait du bien.
Il est important de commencer par expliquer en quoi le poste qu'elle va occuper à la Fed est important. Qu'est-ce que la Fed du coup, ou Federal Reserve dans son nom complet ? La Fed est la banque centrale américaine. Elle est l'équivalent américain de la Banque Centrale Européenne. Je ne vais pas expliquer en détail ce que sont les banques centrales, je vais me contenter de dire que les banques centrales ne sont pas des banques commerciales. Ce sont des institutions qui pilotent ce que l'on appelle la politique monétaire d'un pays. Ce qu'il faut retenir est qu'elles jouent un rôle de premier plan dans la conduite de la politique macroéconomique.
La Fed est constituée de branches régionales (San Francisco, New York, etc.) et est gouvernée par le Board des gouverneurs. C'est en tant que gouverneure à ce Board que Cook a été élue par le Sénat. Un poste et donc une élection, vous l'aurez compris, de la plus haute importance.
Comme je l'écrivais plus haut, son élection par le Sénat s'est accompagnée d'un déchaînement raciste et misogyne venant de l'extrême droite américaine. Pour bien comprendre comment ce déchaînement a eu lieu, il faut d'abord comprendre la manière dont les gouverneurs sont élus.
Comme souvent aux États-Unis, le président nomme des candidats. Le Sénat doit ensuite confirmer cette nomination par un vote. Avant de passer au vote ont lieu des auditions pendant lesquelles les sénateurs peuvent interroger la personne nommée. Ce sont ces auditions que les attaques contre Cook ont essayé d'influencer — et comme on le verra plus tard, avec un certain succès.
Les attaques n'ont pas été ouvertement racistes ni misogynes. Personne ne dit explicitement qu'une femme noire ne devrait pas occuper ce poste. Elles ont reposé sur la technique rhétorique dite du dog whistling, que l'on pourrait résumer par "comment dire des choses [racistes/misogynes/etc.] sans dire des choses [racistes/misogynes/etc.]". C'est une technique que Zemmour a abondamment utilisée pendant la campagne présidentielle ; il ne parle pas de "blancs" et "d'arabes" mais de la "civilisation chrétienne européenne" et de "l'islam". Le dog whistling est une technique rhétorique très utilisée par l'extrême droite, car comme elle ne repose pas sur des propos explicitement racistes, elle permet de se défendre en prétextant la bonne foi ou l'ignorance.
Dans le cas de Cook, les attaques ont principalement consisté en trois tropes classiques du dog whistling : prétendre qu'elle ne serait pas suffisamment qualifiée, prétendre qu'elle serait une militante extrémiste et prétendre que ses travaux scientifiques les plus notables auraient été bâclés. Ces attaques ont été alimentées par deux individus en particulier. Le premier est un troll d'extrême droite qui, après avoir été incapable d'obtenir un contrat doctoral, est passé de l'étude des discriminations à l'intérieur de la profession des économistes à une activité de troll d'extrême droite. On admirera la cohérence intellectuelle, politique et morale de l'individu. L'autre est l'inénarrable Harald Uhlig. Il est chercheur en économie à l'Université de Chicago, et il a réussi l'immense exploit d'être l'objet d'une pétition demandant à ce qu'il soit démis de ses fonctions d'éditeur du Journal of Political Economy, l'une des plus grandes revues scientifiques en économie. Comprenez bien que ce type de pétition est rarissime chez les économistes. La raison ? Je dirais l'ensemble de son œuvre raciste… Il a tenu des propos racistes en public, sur son blog, sur Twitter et plus généralement dans les médias. D'anciens doctorants ont également témoigné qu'il a également tenu, et de manière répétée, des propos racistes lors de ses cours :
@haralduhlig, I sat in your class in Winter 2014:
(1) You talked about scheduling a class on MLK Day
(2) You made fun of Dr. King and people honoring him
(3) You sarcastically asked me in front of everyone whether I was offended
— Bocar A. Ba, 12 juin 2020
Ma traduction :
@haralduhlig, j'étais dans votre classe à l'hiver 2014 :
(1) Vous avez envisagé de faire cours lors du MLK Day
(2) Vous vous êtes moqué du Dr. King et des gens honorant sa mémoire
(3) Vous m'avez demandé sur un ton sarcastique devant tout le monde si vos propos m'avaient offensé
Le "MLK Day" fait référence à un jour férié fédéral en l'honneur de Martin Luther King et Bocar Ba est noir. Demander à un étudiant noir s'il est offensé à l'idée de faire exprès cours lors d'un jour férié commémorant un militant des droits civiques assassiné pour son militantisme, ça serait comme demander à un étudiant juif s'il est offensé à l'idée de faire exprès cours lors d'un jour férié commémorant un militant contre l'antisémitisme assassiné pour son militantisme. Je pense qu'il n'est pas utile d'expliquer l'abjection du propos, elle s'auto-explique d'elle-même.
Un doctorant qui a suivi le même cours confirme :
I was in the same class with Bocar and each and every word is true, this happened exactly as he described it.
Alejandro Hoyos, 12 juin 2020
Ma traduction :
J'étais dans la même classe que Bocar et le moindre de ces mots est vrai, ça s'est passé exactement comme il l'a décrit.
En plus de la teneur profondément raciste des propos et de l'attitude d'Uhlig, le fait 1) qu'il humilie un étudiant noir 2) devant ses camarades dénote aussi un total manque de professionnalisme. On n'enseigne pas en humiliant les étudiants, encore moins devant leurs camarades, et encore moins pour tenir des propos racistes. Littéralement rien ne va dans cette attitude d'Uhlig.
D'après un autre doctorant, Ulhig a tenu des propos identiques en 2020 :
For the record: similar comments were repeated in class this year
— Jordan Rosenthal-Kay, 12 juin 2020
Ma traduction :
Pour information : des commentaires similaires ont été répété en classe cette année
Une doctorante confirme :
Unfortunately can confirm
— Nadia Lucas, 12 juin 2020
Ma traduction :
Malheureusement je peux confirmer.
Voilà donc, pour le contexte, qui a attaqué la nomination de Cook. Intéressons-nous maintenant à la teneur de ces attaques. Accrochez-vous, car c'est une plongée dans les tréfonds du vide intellectuel.
Sur le supposé manque de qualifications de Cook, voici ce qu'Uhlig écrit en février 2022 dans un éditorial qu'il a publié dans le Wall Street Journal :
Ms. Cook doesn’t fit the bill [to be appointed as governor]. Most of her work has concerned innovation by and discrimination against black Americans. In her best-known paper, published in 2014, she argued that lynchings and riots led to a sharp decline in patents by black Americans in 1900. This is a worthy area of inquiry, but it’s only distantly related to the Fed’s core mission.
Ma traduction :
Mme Cook n'a pas le profil [pour être élue gouverneure]. Le gros de ses travaux porte sur l'innovation par et les discriminations contre les américains noirs. Dans son article le plus connu, publié en 2014, elle montre que les lynchages et les émeutes ont conduit à un déclin massif du nombre de brevets déposés par les américains noirs dans les années 1900. C'est un domaine d'étude intéressant, mais qui n'est que peu lié à la mission centrale de la Fed.
Sous ses airs raisonnables, cet argument est en réalité un pur sophisme. Il suffit de regarder les travaux scientifiques menés par les autres membres du Board de la Fed pour s'en convaincre :
- Christopher Waller : il est docteur en économie et a travaillé jusqu'à récemment sur la politique monétaire
- Lael Breinard : elle est docteure en économie et a fait des recherches dans les années 1990 sur le commerce international. C'est de l'économie, mais comme dans le cas de Cook, il ne s'agit pas de travaux portant spécifiquement sur la politique monétaire.
- Michelle Bowman : elle est juriste de formation. Elle n'a aucune publication scientifique en économie.
- Jerome Powell, le directeur du Board : il est juriste de formation, et ancien banquier d'affaires. Il n'a aucune publication scientifique en économie.
Qu'est-ce que nous enseignent ces informations ? Trois choses. La première est qu'avoir un doctorat en économie ou être chercheur en économie n’est clairement pas un critère pour intégrer le Board — encore moins pour le diriger. La deuxième est qu'avoir eu une activité scientifique récente n'est pas un critère pour intégrer le Board. Le troisième est que pour les personnes ayant ou ayant eu une activité scientifique en économie, être spécialiste de la politique monétaire n'est pas un critère pour intégrer le Board.
Si l'on faisait un classement des "meilleurs" membres du Board sur des critères de seule spécialisation scientifique, Cook arriverait en deuxième position, juste derrière Waller — qui a lui travaillé récemment sur la politique monétaire. Il faut également ajouter que Cook a travaillé auprès de la Maison-Blanche d'Obama ainsi qu'auprès du Trésor, l'équivalent du ministère des Finances. Pour une candidate qui ne serait supposément pas qualifiée, elle paraît tout de même remarquablement bien qualifiée…
On peut même argumenter que le fait qu'elle ne soit pas directement spécialiste de politique monétaire est un critère en faveur de sa nomination. D'une part, la Fed emploie de nombreux économistes qui produisent des recherches sur la politique monétaire. Les gouverneurs peuvent (et doivent) se reposer sur ces recherches, ils n'ont pas à les produire eux-mêmes — sinon comment feraient les gouverneurs qui n'ont aucune expérience scientifique ? Ils les inventent ? D'autre part et surtout, son expertise sur les effets économiques des discriminations pourrait, justement, être utile à la Fed pour prendre en compte les effets sur les populations discriminées de certaines de ses décisions. Vu l'histoire des discriminations raciales aux États-Unis, l'idée n'est peut-être pas déraisonnable.
Comme je l'écrivais plus haut, ces attaques sur la compétence de Cook sont de purs sophismes. Il s'agit, encore une fois, de dog whistling où l'on tente de faire passer pour incompétente une personne issue de groupes marginalisés à l'aide d'arguments qui ont l'apparence du débat raisonnable mais qui sont, en réalité, fallacieux du début à la fin. Il s'agit en effet d'un superbe double standard puisque Uhlig applique à Cook des critères qui n'ont pas été appliqués aux autres gouverneurs.
Ne vous y trompez d'ailleurs pas : les économistes ont massivement soutenu la nomination de Cook. Le Nobel Paul Romer a écrit sur son blog que Cook serait une meilleure gouverneure que lui-même — parce qu'elle est une empiriciste alors que lui est un théoricien. La National Economic Association (NEA), qui représente les économistes noirs aux États-Unis, a fait circuler une pétition de soutien à Cook qui a été signée par plus de 500 économistes — moi inclus.
Venons-en à la deuxième série d'attaques : Cook serait une extrémiste avec des opinions radicales. Voici comment Uhlig argumente cette attaque — si vous aimez les acrobaties rhétoriques, vous allez être servi·e par la haute voltige qui va suivre :
Ms. Cook also spoke up when I criticized the idea of defunding the police in June 2020. She asserted that “free speech should have its limits” and accused me of using it to “spread hatred and violate the dignity of other people.” She is free to say all that. It is good to have robust debates, and diversity of views is important. But what might happen once she is a governor? Will Fed researchers speak freely about their findings concerning racial disparities or the importance of policing? Or will speech be chilled out of fear of a career-ending step?
Ma traduction :
Mme Cook a pris la parole quand j'ai critiqué l'idée de "defund the police" en juin 2020 [pendant les manifestations Black Lives Matter]. Elle a déclaré que "la liberté d'expression doit avoir ses limites" et m'a accusé de "diffuser de la haine et de violer la dignité des autres". Elle est libre de dire tout ça. C'est une bonne chose d'avoir des débats robustes et la diversité des points de vue est importante. Mais que se passera-t-il lorsqu'elle sera gouverneure ? Est-ce que les chercheurs de la Fed parleront franchement de leurs résultats sur les disparités raciales ou l'importance d'avoir des forces de police ? Ou est-ce qu'ils ne diront rien de peur de faire un faux pas qui mettrait un terme à leur carrière ?
Pour commencer, Uhlig se garde bien de préciser ce à quoi Cook répondait. En l'occurrence, elle répondait aux révélations sur ses multiples propos racistes que j'ai documentés plus haut. J'ai, personnellement, du mal à voir ce qu'il y a d'extrémiste à dire qu'humilier un étudiant noir devant ses camarades avec des remarques racistes est une violation de la "dignité des autres". Qu'Uhlig ne fasse pas mention du contexte prouve, de mon point de vue, qu'il s'agit de sophismes et non de simples paralogismes. Comprenez : il ne se contente pas de commettre des erreurs de logique, il a une vraie intention de tromper.
Surtout, il tire de ces quelques tweets de Cook la conclusion qu'elle pourrait détruire la carrière des économistes de la Fed qui seraient en désaccord — avec les idées qu'il prête à Cook, soit dit en passant, ce qui ajoute l'homme de paille à la merveilleuse liste de sophismes qu'il accumule dans sa tribune. Sur la base de quels éléments tangibles tire-t-il cette conclusion ? Il n'en mentionne aucun. Sa conclusion est un pur non sequitur — la conclusion n'a strictement aucun rapport avec l'observation initiale. C'est un sophisme qu'il argumente par ailleurs sans preuve. Et vous connaissez la méthode : ce qui est argumenté sans preuve se réfute sans preuve. Si Uhlig conclut que Cook est susceptible de détruire la carrière d'économistes qui ne pensent pas comme elle, qu'il apporte des preuves permettant d'étayer cette conclusion. Comme il ne le fait pas, son argument n'est rien d'autre qu'un bruit de fond qui n'a strictement aucune valeur intellectuelle.
Enfin, la dernière ligne d'attaque concerne un article de 2014 que Cook a publié dans le Journal of Economic Growth. Elle y montre, données à l'appui, que les lynchages d'américains noirs ont sérieusement diminué le taux auquel ils déposent des brevets. Uhlig y fait référence lorsqu'il mentionne la recherche de Cook sur les brevets. La "critique" à laquelle il donne de la visibilité serait que le résultat principal de cet article serait basé sur une grossière erreur méthodologique.
J'expliquerai en détail cet article dans le numéro de la semaine prochaine. Pour aujourd'hui, je vais me contenter de souligner deux points importants. D'une part, et cet article a été publié dans une revue à comité de lecture, et le Journal of Economic Growth est une revue prestigieuse. D'autre part, comme c'est littéralement dit dans les remerciements de l'article, Lisa a présenté le working paper de cet article dans de nombreux séminaires et dans différentes universités. Si de grossières erreurs s'étaient glissées dans l'article, vu la manière dont il a circulé, elles auraient été détectées. C'est pourtant cet angle que l'extrême droite a choisi pour essayer de le décrédibiliser. L'attaque est notamment venue d'un compte Twitter anonyme qui, c'est à mon avis un élément important à avoir en tête, s'est spécialisé dans la "critique" de ce qu'il perçoit comme étant l'idéologie "woke" dans les recherches en SHS.
Je ne vais pas non plus entrer dans les détails de cette "critique" — ce numéro est déjà suffisamment long. Je vais me contenter de constater, une nouvelle fois, que le compte Twitter anonyme qui porte cette critique n'apporte, lui non plus, aucune preuve de ce qu'il avance. Il n'apporte jamais la preuve que le résultat de l'article serait spécifiquement dû à un problème méthodologique. On est dans la pure spéculation. Et qu'on le veuille ou non, la spéculation argumentée sans preuve d'un compte anonyme sur Twitter aux biais ouvertement d'extrême droite a moins de valeur qu'une lourde, longue et pénible revue par les pairs d'un article qui contient, au passage, un méticuleux travail de collecte de données et qui a été publié dans une revue prestigieuse.
Comme je l'écrivais plus haut dans ce numéro, cette campagne de dénigrement raciste et misogyne a trouvé de l'écho lors de l'audition de Cook au Sénat. Il suffit de s'intéresser aux déclarations de certains sénateurs républicains pour constater qu'ils reprennent les éléments de langage de cette campagne. Kevin Cramer, sénateur républicain du Dakota du Nord :
On appréciera cette autre déclaration de Bill Hargety, sénateur républicain du Tennessee qui, en plus de reprendre les attaques contre le supposé manque de qualification de Cook, y ajoute un argument obscurantiste considérant que les sciences sociales ne seraient pas de véritables sciences — tant qu'à faire, autant cocher le plus de cases possible :
Sans grande surprise, ces attaques ont été reprises et amplifiées par les médias d'extrême droite comme The Daily Caller, qui publie régulièrement du contenu climatosceptique, raciste, antisémite ou suprémaciste :
Y compris Fox News, avec l'inénarrable présentateur suprémaciste Tucker Carlson (qui a fondé The Daily Caller) :
Heureusement, cette campagne a finalement échoué. Le Sénat a voté son élection par 51 voix pour et 50 voix contre. Lisa est une candidate qualifiée, sérieuse et compétente, qui s'est par ailleurs distinguée dans la profession par le temps qu'elle consacre au mentoring des nouvelles générations — moi inclus. La Fed est chanceuse de l'avoir comme gouverneure.
Pour conclure ce numéro, j'aimerais faire un pas de côté. En l'occurrence, sa longueur illustre la fameuse loi de Brandolini : il faut consacrer beaucoup d'énergie pour débunker quelques affirmations racistes et misogynes jetées sur Twitter. Par ailleurs, je m'interroge sur la visibilité que les supposés "zet-éthique antifascistes"donneront à ce numéro. Il aborde pourtant les SHS et documente des attaques racistes et misogynes de l'extrême droite — il colle donc avec le type de contenu qu'ils reprochent à la communauté sceptique de ne pas produire. Mais j'imagine qu'il sera, comme à chaque fois qu'un ou une sceptique produit un contenu collant pourtant à leurs demandes, soit ignoré, soit "critiqué" avec la pire mauvaise foi. J'aimerais bien sûr être démenti, mais je doute que je le serai.
Dans le second numéro de ce diptyque, j'aborderai l'article de Cook sur les effets économiques des lynchages à la fin du XIXème siècle. C'est un article sur lequel j'ai toujours voulu écrire, et il me semble que c'est l'occasion idéale pour le faire. Spoiler : ça sera l'occasion de montrer que le racisme est bien évidemment coûteux pour les personnes discriminées, mais qu'il est aussi coûteux pour les personnes qui discriminent. En plus d'être une abjection morale, le racisme est un pur coût économique.
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À bientôt pour le prochain numéro de L'Économiste Sceptique,
Olivier
Photographie de couverture : MSNBC