#17 · Les vaccins sont redoutablement efficaces
En plus d’être sûrs, l’actuelle vague de COVID au Royaume-Uni démontre la spectaculaire efficacité des vaccins. Il n’y a plus d’excuses pour ne plus se faire vacciner.
Aux vagues de COVID-19 s’ajoutent, depuis le début de la pandémie, des vagues de complotisme en tout genre. L’une d’elle concerne les vaccins : en dépit de toutes les preuves scientifiques qui montrent à la fois que les vaccins sont sûrs et efficaces, de nombreux bonimenteurs abreuvent le public de leurs fadaises – et, à en juger par le taux élevé de personnes réticentes à la vaccination, avec un certain succès.
Pourtant, il suffit d’étudier même superficiellement la vague de COVID-19 que subit actuellement le Royaume-Uni pour faire le constat de leur redoutable efficacité.
En bref
La section En bref vous propose un résumé du contenu de l’article. Très utile si vous n’avez pas le temps de le lire en entier, ou si vous souhaitez en scanner le contenu.
Le Royaume-Uni subit actuellement une quatrième vague de contaminations de COVID-19.
Elle est causée par le variant Delta, qui représente quasiment 100% des tests positifs aujourd’hui.
Pour autant, la corrélation très forte qui existait entre le nombre de cas et le nombre d’hospitalisations, d’entrées en réanimations et de décès pour les précédentes vagues a été pulvérisée pour la quatrième. C’est d’autant plus spectaculaire lorsque l’on aligne temporellement les différentes séries statistiques.
La raison de cette pulvérisation est très simple : les vaccins. Dont, on le rappelle, l’objectif n’est pas d’éviter les contaminations, mais d’éviter les formes graves de la COVID-19 – et donc les hospitalisations, les entrées en réanimations et les décès. Il est donc normal que des personnes vaccinées soient contaminées.
Les vaccins remplissent donc parfaitement le rôle qui leur ont été donné. Les vaccins sont sûrs, les vaccins sont efficaces, les vaccins sauvent des vies. Littéralement. Alors faisons-nous vacciner. C’est autant un geste pour nous-mêmes, qu’un geste pour les autres. Il n’y a plus d’excuses pour ne pas se faire vacciner.
Une nouvelle vague
Comme je le disais en introduction, le Royaume-Uni subit actuellement une quatrième vague épidémique de la COVID-19 :
Cette quatrième vague est bien partie pour suivre la trajectoire de la troisième vague, qui avait causé un nombre considérable de morts, et obligé le pays à vivre l’un des confinements les plus longs et les plus stricts au monde.
Quelle est la cause de cette quatrième vague ? Très clairement, il s’agit du variant Delta, nettement plus contagieux que le variant Alpha, lui-même plus contagieux que les précédents variants. Le variant Alpha est à l’origine de la troisième vague commencée en décembre 2020.
On voit sur le graphique ci-dessous que le variant Delta est rapidement devenu dominant dans les tests positifs à la COVID-19, signalant sa domination quasi-totale sur les autres :
Comme à chaque nouvelle vague, il est à craindre une explosion des hospitalisations, des entrées en réanimation et des décès. Et c’est là où l’efficacité des vaccins manifeste ses effets.
Les effets des vaccins
Il faut bien préciser que les vaccins n’ont pas été choisis sur la base de leur capacité à éviter des contaminations, mais sur leur capacité à éviter les cas graves de COVID-19, cas graves qui entraînent hospitalisations, transferts en réanimation et pour les patients les moins chanceux, le décès.
Commençons par les hospitalisations. Comme le suggère ce graphique, bien qu’elles augmentent un peu, elles semblent le faire nettement moins que pour les précédentes vagues : alors qu’elles ont suivi l’explosion du nombre de cas pour les vagues 2 et 3, elles semblent augmenter nettement moins vite pour la vague 4 :
On peut faire un constat similaire pour les entrées en réanimations : elles ont explosé en même temps que les nombres de cas pour les vagues 2 et 3, mais elles augmentent à peine pour la quatrième :
La rupture de la corrélation est encore plus spectaculaire pour les décès. Contrairement aux vagues 2 et 3, où ils ont augmenté en même temps que les cas, ces derniers n’augmentent tout simplement pas !
Vous avez peut-être remarqué que je n’ai pas abordé la première vague dans mon commentaire des trois précédents graphiques. La raison est que la corrélation statistique entre le nombre de cas et les autres variables y est moins nette.
La raison est très vraisemblablement due au faible nombre de tests pratiqués au tout début de la pandémie. Il faut donc l’interpréter avec davantage de prudence – voire carrément la mettre de côté.
Les vaccins sont efficaces. Point.
Les graphiques de la section précédente montrent que la corrélation très forte qui existait jusqu’ici entre le nombre de cas, le nombre d’hospitalisations, d’entrées en réanimation et de décès est désormais (quasiment) brisée.
Pour autant, il existe ce que l’on appelle un lag entre les différentes séries statistiques : un test positif mesure une contamination à la COVID-19 en t, mais il faut en général une dizaine de jours pour que se développe une éventuelle forme grave de la maladie. Or ce sont bien les formes graves qui conduisent les patients à l’hôpital, en réanimation, et dans les cas les plus dramatiques, au décès.
Une solution très simple permet de rendre les graphiques de la précédente section plus lisibles, et de mieux faire apparaître la corrélation : réaligner les différentes courbes en supprimant ce lag.
J’ai retardé de 14 jours la série des hospitalisations et des entrées en réanimations, et de 12 jours la série des décès. Concrètement, le nombre de décès du 15 janvier est devenu le nombre de décès du 15 - 12 = 3 janvier – et ainsi de suite. L’hypothèse étant que les personnes décédées le 15 janvier étaient les patients contaminés (ou, plus exactement, testés positifs) le 3 janvier.
Cet alignement temporel des courbes permet d’afficher très nettement la corrélation entre elles. On s’en rend bien compte pour les hospitalisations. En on constate que la corrélation très forte entre le nombre de cas et le nombre (retardé) d’hospitalisations au moment de la vague 2 et 3 est considérablement plus faible pour la vague 4 :
On peut faire un constat quasiment identique pour le nombre (retardé) d’entrées en réanimation et le nombre de cas : très fortement corrélés lors des vagues 2 et 3, toujours corrélés mais bien plus faiblement pour la vague 4 :
L’effet est le plus spectaculaire si l’on s’intéresse au nombre (retardé) de décès. Leur corrélation avec les cas, quasiment parfaite pour les vagues 2 et 3, est quasiment inexistante pour la vague 4 :
Que ce soit pour les hospitalisations, les entrées en réanimation et les décès, la corrélation très forte qui existait entre ses trois séries et le nombre de cas positifs a été pulvérisée. Par contre, on constate que ces trois séries restent très bien corrélées entre elles, et ce pour toutes les vagues – ce qui suggère qu’une variable tierce (ou omise) a brisé la corrélation pour la quatrième vague. Ou, en d’autres termes, que la rupture de la corrélation n’est pas un hasard.
D’ailleurs, si on se concentre sur la seule vague 1, on voit bien que l’hypothèse d’une sous-capacité du nombre de tests explique pourquoi le nombre de cas mesuré était si faible. Le nombre d’hospitalisations, d’entrées en réanimations et de décès était bien malheureusement cohérents avec celui d’une vague épidémique de grande ampleur.
Revenons-en à notre variable tierce, qui a rompu la corrélation entre le nombre de cas et le nombre d’hospitalisations, d’entrées en réanimation et de décès. Quelle pourrait être cette variable ? Il faut qu’elle explique à la fois la rupture de la corrélation entre le nombre de cas et le nombre d’hospitalisations, d’entrées en réanimation et de décès, et le maintien de la corrélation entre le nombre d’hospitalisations, le nombre d’entrées en réanimation et le nombre de décès.
Inutile de faire beaucoup d’inférence causale pour répondre à cette question. La réponse est très simple : les vaccins. Tout simplement. Ce sont eux, et eux seuls, qui sont responsables de cette rupture de la corrélation. Et dans la mesure où ils ont été choisis pour leur capacité à réduire les formes graves, et donc le nombre d’hospitalisations, d’entrées en réanimation et de décès, ils expliquent aussi pourquoi la corrélation entre le nombre d’hospitalisations, d’entrées en réanimation et de décès subsiste.
Le taux de couverture vaccinale au Royaume-Uni est très élevé, l’un des plus élevé au monde :
De mon point de vue, ces différents graphiques démontrent que l’efficacité des vaccins est totale : ils remplissent parfaitement leur rôle, et ce alors même que le variant Delta aurait pu ravager le Royaume-Uni de la même manière qu’il a ravagé l’Inde.
Ces résultats sont d’autant plus impressionnants que les vaccins sont efficaces contre le variant Delta à condition que le cycle vaccinal soit terminé – c’est-à-dire que les deux doses aient été reçues. Avec à peine 50% de la population ayant terminé son cycle vaccinal, obtenir des résultats aussi positifs ne peut que laisser rêveur sur l’efficacité d’un taux de couverture vaccinale encore plus élevé !
Il est normal que les vaccinés soient contaminés
Pour finir, et sur la suggestion de Gabin, un mot sur cette erreur trop souvent entendue : “si les vaccin étaient si efficaces qu’on nous le dit, pourquoi des personnes vaccinés sont-elles contaminées à la COVID-19 ?”.
La raison à cet apparent paradoxe est très simple : encore une fois, les vaccins n’ont pas été choisis sur leur capacité à empêcher les contaminations, mais pour leur capacité à empêcher les formes graves de la COVID-19. S’ils peuvent empêcher les contaminations, tant mieux, mais ça n’est pas le critère à partir duquel ils ont été sélectionnés. Et les données britanniques nous montrent très spectaculairement qu’ils remplissent parfaitement le rôle pour lequel ils ont été conçus.
Les vaccins sont sûrs, les vaccins sont efficaces, les vaccins sauvent des vies. Littéralement. Faisons-nous vacciner. C’est autant un geste pour nous-mêmes, qu’un geste pour les autres. Il n’y a plus d’excuses pour ne pas se faire vacciner.