#107 @fil · Les fadaises de Twitter Business
Et aussi : les hommes ne font pas confiance aux femmes, les technologies dominantes ne le restent pas toujours et des questions sur la capacité de la Russie à financer son effort de guerre
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Bonne lecture !
Chère membre Plus, cher membre Plus,
Avant d’aborder les fadaises dont nous a récemment gratifié Twitter, je prends ce paragraphe et le suivant pour vous annoncer que je vais tester un nouveau calendrier de publication au cours des prochaines semaines :
- les articles de décryptage et du wiki seront publiés le vendredi soir
- les articles du Fil seront publiés le mercredi soir
L’objectif initial de ce nouveau calendrier est de me permettre de rédiger les articles de L’Économiste Sceptique dans des conditions moins stressantes. Le nouveau calendrier pourrait avoir en plus des effets favorables sur la dissémination de mon contenu. Je vais le tester pendant quelques semaines, j’aviserai en fonction des retours. N’hésitez d’ailleurs pas à me dire en commentaire ce que vous en pensez.
Dans le Fil d’aujourd’hui, je m’intéresse à un type de fadaise un peu particulier : les fadaises corporate, c’est-à-dire les fadaises qui proviennent d’entreprises. Les fadaises de ce type sont rarement couvertes par les sceptiques — et lorsque certains s’y essaient, c’est parfois de manière critiquable. Les entreprises ne sont pourtant pas immunisées contre la production de fadaises, bien au contraire. Le green washing, qui consiste à faire passer pour respectueux de l’environnement des biens et services qui ne le sont pas, l’illustre bien.
Twitter Business, la division de Twitter dédiée aux relations entre Twitter et les annonceurs publicitaires, a publié mercredi dernier un article de blog au contenu étonnant.
L’objectif de cet article est vraisemblablement de rassurer les annonceurs publicitaires. Depuis que le milliardaire Elon Musk a racheté Twitter fin octobre, de nombreux annonceurs ont mis en pause leurs achats d’espaces publicitaires sur la plateforme, représentant une baisse du chiffre d’affaires allant jusqu’à 50 %. En cause : le traitement incohérent et brutal que Musk fait subir à la plateforme, et le démantèlement quasi complet des équipes de modération. Or, la publicité représentait 90 % du chiffre d’affaires de Twitter. On comprend pourquoi Twitter pourrait vouloir rassurer les annonceurs.
Le problème est que l’article de blog de Twitter Business est rempli de fadaises.
Le ton général de l’article se veut rassurant. Je présume que l’objectif est de faire passer le message « n’ayez pas peur ! Contrairement à ce que vous pouvez lire dans la presse, Twitter n’a en réalité pas changé ». Mais il est évident que si, Twitter a changé. Le paragraphe suivant illustre l’ampleur de l’artifice rhétorique fallacieux :
First, none of our policies have changed. Our approach to policy enforcement will rely more heavily on de-amplification of violative content: freedom of speech, but not freedom of reach.
Ma traduction :
Pour commencer, aucune de nos politiques [de modération] n’a changé. Notre approche de l’application de ces politiques va davantage reposer sur l’absence d’amplification [algorithmique] du contenu en violation de nos politiques de modération : liberté d’expression, mais pas liberté d’avoir de la visibilité.
Le paragraphe affirme que Twitter n’aurait pas changé ses politiques de modération. C’est non seulement faux, mais c’est en plus facile de vérifier que c’est faux. Il suffit de lire un peu la presse :
- Twitter a réinstallé le compte de Donald Trump. Il n’a donc plus violé les politiques de modération qui ont conduit à son bannissement après la tentative de coup d’État du Capitole ?
- Twitter a réinstallé deux comptes ayant été bannis après avoir tenu des propos transphobes alors que les politiques de modération de Twitter (qui, pour rappel, n’auraient pas changé) interdisent pourtant les propos transphobes
- Twitter va réinstaller des dizaines de milliers de comptes ayant été bannis pour avoir enfreint les politiques de modération
- Twitter ne modèrera plus la désinformation sur le COVID, un changement de sa politique de modération que la plateforme a explicitement annoncé
Concevoir et appliquer une politique de modération n’est pas un exercice de morale. C’est un exercice qui consiste à édicter un certain nombre de règles et à sanctionner les utilisateurs qui violent ces règles. Si la politique de modération de Twitter était restée identique, il n’y aurait eu ni modification des règles (désinformation sur le COVID), ni modification des sanctions en cas de violation des règles (réinstallation de comptes bannis).
Ce paragraphe est fallacieux, mais il y en a d’autres. Un autre nous assure que les équipes de modération sont toujours autant mobilisées, ce que je suis disposé à croire. Il manque cependant un important élément de contexte : les équipes de modération ont été décimées par les licenciements brutaux et autres ultimatums ratés de Musk. Il n’y aurait plus qu’une seule personne dans l’équipe en charge de la lutte contre la pédopornographie. Une équipe certes mobilisée, mais décimée, ne sera pas aussi efficace qu’une équipe mobilisée et composée de suffisamment de personnes.
L’article de blog de Twitter Business ressemble à une tentative désespérée de rassurer les annonceurs à une période où Twitter vend habituellement d’importantes quantités de publicité : c’est la fin de l’année, propice aux marques qui veulent donner des idées de cadeaux aux consommateurs, et c’est la Coupe du Monde, qui génère les plus grands pics de trafic sur Twitter.
À titre personnel, je m’interroge sur l’efficacité d’un article de blog aussi fallacieux pour convaincre les annonceurs.
Bonne suite de lecture du Fil,
Olivier
Le Fil scientifique
Listen to Her: Gender Differences in Information Diffusion within the Household
Résumé :
Efficient diffusion of economic information plays a critical role in the functioning of society, and, more specifically, households. We study information diffusion between spouses in a representative sample of the German population. We focus on an important economic belief: the household’s perceived rank in the income distribution. Our survey experiment consists of two waves. During each wave, all adult members of a household are interviewed separately with no possibility to communicate with each other. In the first wave, we randomly select a subset of respondents to receive accurate information about their household’s income rank. By chance, some members of a household, but not others, receive the information. A year later, we re-survey all members of the same households in the second wave, with the aim of measuring whether the information provided in the experiment had a long-lasting effect on their beliefs. We find that receiving information directly persistently affected household members’ beliefs. This direct learning worked similar for men and women. By contrast, for household members who did not receive information directly, we find striking gender differences in indirect learning. When information was provided to the husband, it affected his wife’s beliefs to a similar degree as if she had directly received the information herself. By contrast, when the information was provided to the wife, it did not affect her husband’s beliefs.
— Fehr, Dietmar, Johanna Mollerstrom, and Ricardo Perez-Truglia. 2022. “Listen to Her: Gender Differences in Information Diffusion within the Household.” NBER Working Paper Series 30513 (September). https://doi.org/10.3386/w30513.
L’article concerne un sujet proche mais légèrement différent de mes compétences scientifiques (la diffusion d’information dans une organisation) et je l’ai lu partiellement
Est-ce que les hommes sont moins susceptibles de croire une information leur étant transmise par les femmes, que l’inverse ? La réponse est oui. C’est en tout cas le résultat de ce working paperempirique. Les auteurs ont mené deux vagues d’entretiens avec des personnes vivant en couple hétérosexuel en Allemagne. Dans la première vague, les auteurs donnent à certains couples une information sur leur position dans la distribution des revenus. Ils la donnent soit à l’homme, soit à la femme. Un an plus tard, dans la deuxième vague, ils mesurent si les deux personnes dans le couple se sont approprié l’information.
Le premier résultat est que la personne qui reçoit l’information se l’approprie à des taux identiques qu’elle soit un homme ou une femme. Qu’en est-il de l’autre personne ? Lorsque c’est l’homme qui a reçu l’information et qui l’a transmise à la femme, la femme a une probabilité beaucoup plus importante de s’être approprié l’information que lorsque c’est la femme qui a reçu l’information et qui l’a transmise à l’homme. En d’autres termes : les hommes sont moins susceptibles de croire une information leur étant transmise par les femmes, que l’inverse.
En tant qu’économiste des organisations, je me demande dans quelle mesure ce résultat se translate dans la diffusion d’information dans les organisations. S’il se translate, et je ne serais pas étonné qu’il se translate, il pose d’importantes questions sur l’efficacité de la diffusion d’informations critiques dans les organisations.
Via @davdittrich@fediscience.org
Le Fil environnemental
La Chine est le plus grand investisseur mondial dans la transition énergétique
Compte tenu du poids des émissions de CO2 de la Chine dans les émissions mondiales, c’est à mon avis une bonne nouvelle que la Chine investisse autant.
La consommation de viande est globalement en baisse en Europe
La baisse est d’intensité variable selon les pays, mais le pic est le plus souvent passé. C’est probablement une bonne nouvelle pour l’environnement, car certaines viandes (comme la viande rouge) génèrent d’importantes externalités environnementales.
Le Fil économique
Les licenciements brutaux continuent à Twitter
Un point que je n’ai pas abordé dans mon article sur l’ultimatum raté de Musk aux salariés de Twitter, c’est qu’accepter l’ultimatum ne protège pas contre un licenciement. Il n’aura pas fallu une semaine pour vérifier l’hypothèse.
Just in: the night before Thanksgiving, Twitter fired more software engineers effective immediately because their “code is not satisfactory” following the recent code review.
— @GergelyOrosz
Ma traduction :
Viens de tomber : la nuit avant Thanksgiving, Twitter a encore licencié des ingénieurs informatiques avec effet immédiat parce que leur « code n’était pas satisfaisant » après la récente revue de code.
Pourquoi accepter un tel ultimatum si c’est pour se faire licencier juste après ? Et attention, mon propos n’est pas que les salariés d’une entreprise ont un droit absolu à y rester employé. Mon propos est plutôt de souligner la cruauté du procédé.
Une technologie dominante un jour peut ne plus l’être le lendemain
Fascinante visualisation graphique qui représente l’évolution de la part de marché des supports musicaux aux États-Unis depuis les années 1970. Il y a de nombreux enseignements à tirer de ces données, l’un d’eux étant qu’un support ou une technologie dominant(e) à un moment ne le reste pas nécessairement indéfiniment.
Twitter perd bêtement des millions de dollars de chiffre d’affaires
Comme je l’écris plus haut, l’hémorragie des revenus publicitaires de Twitter s’explique d’abord par le refus d’un certain nombre d’annonceurs de prendre le risque d’exposer leur marque au chaos actuel. Toutefois et plus étonnement, l’hémorragie concerne aussi des annonceurs qui veulent continuer à diffuser de la publicité sur Twitter.
La raison ? Musk a licencié les équipes gérant la publicité de la même manière qu’il a licencié les salariés travaillant dans d’autres équipes. Le problème est qu’aujourd’hui, les annonceurs n’ont plus de réponses à leurs emails, n’ont plus de retour sur l’efficacité de leurs campagnes ou voient leurs campagnes ne pas être validées dans les temps.
L’Union européenne pourrait bannir Twitter si la modération se dégrade
C’est le message envoyé par le commissaire Thierry Breton à Elon Musk.
Le risque de voir des tiers contraindre Twitter à mieux modérer sa plateforme n’est pas surprenant. C’est ce qu’écrivait mi-novembre Yoel Roth, l’ancien responsable de la modération de Twitter qui a démissionné quelques jours après l’arrivée de Musk, dans une tribune dans le New York Times.
Si les explications de Roth sur son départ de Twitter et son analyse de la direction que prend la modération de Twitter vous intéressent, je vous conseille [cette interview d’une heure](https://vimeo.com/776426548) par Kara Swisher. L’interview est également disponible en format audio sur le podcast On With Kara Swisher.
Le Fil sceptique
En critiquant un jeu de société, l’extrême droite lui donne une visibilité inattendue
Cette visibilité est telle que l’éditeur du jeu de société va en réimprimer tellement la demande pour le jeu a dépassé ses prévisions. Bel exemple d’un effet Streisand.
Des comptes antivax désormais vérifiés sur Twitter
C’est une conséquence directe de la nouvelle version de Twitter Blue, l’abonnement payant de Twitter qui permettait de s’acheter un badge de vérification pour 8 $ par mois. En service pendant 24 h, Twitter Blue a permis à environ 40 000 comptes d’acheter un badge bleu de vérification, en plus des 100 000 comptes déjà abonnés à la précédente version de l’abonnement. Jusqu’à présent, le badge de vérification était uniquement donné par Twitter à des organisations ou à des personnes notables, sur la base de critères certes opaques et pas toujours cohérents.
Des comptes antivax ont pu acheter un badge de vérification lors des 24 h pendant lesquelles la nouvelle version de Twitter Blue est restée disponible. Il ne fait guère de doute que l’objectif est de crédibiliser leur discours à l’aide du badge, faisant encore empirer la désinformation médicale sur Twitter.
Twitter a mis en pause le retour de la nouvelle version de Twitter Blue. Même si une toute petite proportion des 140 000 utilisateurs ayant pu acheter un badge de vérification sont des comptes antivax, s’il s’agit de comptes à large audience, les dommages qu’ils peuvent provoquer sont potentiellement considérables.
Des influenceurs complotistes lancent une campagne de caniveau contre des fact-checkers et des sceptiques
Cette campagne marque une étape supplémentaire dans la radicalisation d’Idriss Aberkane. Elle est violente, hideuse, et se terminera sans doute devant les tribunaux. Je vous conseille cette (longue) vidéo de La Tronche en Biais pour comprendre ce qu’il se passe. Tout mon courage aux collègues visés.
Il n’aura pas fallu longtemps pour qu’un gouvernement manipule le Twitter 2.0 de Musk
La désinformation ne s’arrête pas aux seuls influenceurs complotistes. Elle prend de nombreuses formes, et comme le montre la guerre en Ukraine, les États n’hésitent pas y recourir lorsqu’elle sert leurs intérêts. Les réseaux sociaux sont des plateformes de choix, comme l’ont montré les manipulations russes lors de la campagne présidentielle américaine de 2016.
Comme le craignait le chercheur en sécurité Alex Stamos, ancien directeur de la sécurité chez Facebook, les licenciements massifs chez Twitter avaient le potentiel de donner l’opportunité à des acteurs étatiques malveillants d’agir virtuellement librement. C’est, sans grande surprise, ce qui est arrivé avec le gouvernement chinois, qui a spammé de contenu pornographique les discussions sur les manifestations contre sa politique anti-COVID. L’objectif était vraisemblablement à la fois de noyer les informations légitimes, et d’empêcher les manifestants de se coordonner.
Last week, I discussed the risks @elonmusk was taking running with a skeleton crew with @ReedAlbergotti , including no threat intel team: https://semafor.com/newsletter/11/24/2022/black-friday-edition. Looks like we might have the first major failure to stop gov interference in the Musk era.
— @alexstamos
Twitter a essayé de répondre à cette opération, mais avec des équipes décimées, ça n’a pas été d’une grande efficacité.
Au passage, voici comment Musk a répondu lorsque cette campagne de désinformation de l’État chinois a été rapportée dans les médias :
Une telle réponse est bien évidemment irresponsable. Et je me demande dans quelle mesure elle sera appréciée par les gouvernements des États qui s’opposent à la Chine — comme, au hasard, le gouvernement américain ou encore la Commission Européenne…
Le youtubeur Léo Grasset visé par une enquête pour viol
Cette enquête fait suite à une précédente série d’accusations relayées par Mediapart en juin.
Le Fil du Brexit
4000 médecins ne sont pas venus travailler au Royaume-Uni à cause du Brexit
Cette donnée est un bel exemple de ce qu’est un contrefactuel : on compare le nombre de médecins européens qui sont venus s’installer au Royaume-Uni avec le nombre de médecins qui seraient venus s’installer au Royaume-Uni s’il n’y avait pas eu le Brexit. Comme le montre le graphique ci-dessus, l’écart de 4000 médecins est substantiel.
Cette donnée est une nouvelle illustration que le Brexit coûte cher à virtuellement tous les compartiments de la société britannique.
Le Fil économique de la guerre en Ukraine
La Russie essaie de contourner des sanctions qu’elle prétend inefficaces
Poutine a mis en place en octobre un conseil pour garantir l’approvisionnement de l’armée russe. L’objectif de ce conseil est de contourner les sanctions. Étonnant de déployer autant d’efforts pour contourner des sanctions dont le régime prétend qu’elles seraient inefficaces.
L’économie russe sévèrement dégradée par les sanctions économiques
Comme l’illustrent ces données récentes, de nombreux indicateurs économiques russes se sont effondrés depuis le mois de mars.
Regardez en particulier la production automobile : certains mois, elle s’est effondrée de quasiment 100 % entre 2021 et 2022.
Comme le souligne Agathe Demarais, l’effet des sanctions va rendre le financement de l’effort de guerre russe de plus en plus difficile. Et comme le souligne Edward Fishman, l’effet des sanctions est déjà important alors que les occidentaux n’ont pas tellement touché au secteur des hydrocarbures russes. Des sanctions portant spécifiquement sur le secteur des hydrocarbures auraient sans aucun doute des effets encore plus massifs sur l’économie russe.
Les occidentaux plafonnent le prix du pétrole russe
La Russie ne pourra désormais plus vendre son pétrole à plus de 60 dollars le baril.
Le problème est que pour le moment, la Russie vend déjà son pétrole à moins de 60 dollars le baril. Le plafonnement est donc sans effet.
Le Fil militaire de la guerre en Ukraine
L’Ukraine frappe des bases aériennes russes en profondeur
Ces frappes, destinées à détruire les aéronefs utilisés par la Russie pour bombarder les infrastructures ukrainiennes, démontrent que l’Ukraine a désormais des capacités de frappe en profondeur. En toute hypothèse, elle a utilisé des drones pour mener ces frappes.
Les gains et les pertes territoriaux de la Russie en Ukraine en graphiques
Fascinant article de visualisation de l’évolution de la maîtrise territoriale russe en Ukraine. On constate que depuis l’été, la maîtrise territoriale russe s’érode, ce qui est cohérent avec les difficultés de l’armée russe face à l’armée ukrainienne.
D’autres graphiques sont à retrouver dans l’article.
La France se dit favorable à un tribunal international pour juger les responsables de l’invasion de l’Ukraine
La France est le premier pays d’Europe de l’Ouest à soutenir une telle initiative, réclamée par l’Ukraine depuis le mois d’avril.
En bref sur la guerre en Ukraine
- Pourquoi la campagne de terreur russe ne fera probablement pas plier les ukrainiens, par le colonel Michel Goya → lavoiedelepee.blogspot.com
- L’importance de la famine de l’Holodomor pour l’identité ukrainienne → francetvinfo.fr